Présentation

La stature majestueuse du bouquetin a de tout temps fasciné les amoureux de la montagne.

Figure emblématique du Parc National de la Vanoise, le bouquetin est sans doute l'un des animaux les plus populaires de nos montagnes. Installé dans les reliefs d'Europe centrale depuis toujours, il a pourtant bien failli disparaître avec, au XVIème siècle, l'apparition des armes à feu. A l'aube du XIXème siècle, seule une petite centaine d'individus demeurent dans tout le massif alpin français. Le roi d'Italie, Victor-Emmanuel II, fut le premier à protéger cet animal qui devenait rare, en interdisant sa chasse en 1821, puis en créant une réserve royale en 1856 qui deviendra le parc national du Grand Paradis en 1922. Mais la France attend la création du Parc national de la Vanoise en 1963, pour réagir, et l'application en 1981 d'une loi de 1976, pour le protéger intégralement sur tout le territoire national.

A première vue, le bouquetin n'est ni plus ni moins qu'une grosse chèvre de montagne. Mais sacrément agile et à l'aise sur les pentes les plus escarpées, il vous flanque le vertige rien qu'à le regarder. C'est qu'il adore se balader sur les arrêtes rocheuses, entre 2.000 et 3.500 mètres d'altitude. Remarquez, c'est là qu'il a la meilleure vue.
Parce que l'animal voit bien, et que s'il vous laisse l'approcher, ce n'est pas que vous ayez déjoué sa vigilance, mais plutôt qu'il sait qu'il lui suffira de quelques bonds pour se mettre hors de votre portée.

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Portrait

La longévité extrême du bouquetin est estimée à 20 ans. La femelle, par son mode de vie, aurait une espérance de vie légèrement supérieure à celle du mâle. Cependant, pour le bouc ou l'étagne, les premiers signes de décrépitude apparaissent vers la quinzième année.

Le bouquetin mâle se reconnaît par sa forme trapue et ses longues cornes courbées. Sa taille varie de 145 cm à 155 cm. Il pèse de 60 à 110 kg. La femelle bouquetin ou étagne est plus petite. Sa taille est de 125 à 140 cm environ. Son pelage est plus clair et ses cornes sont plus courtes. Elle pèse entre 50 et 55 kg.

Les cornes permettent de différencier mâle et femelle et de préconiser leur âge. Les cornes avec lesquelles le mâle se gratte le dos et même l'arrière-train atteignent 70 à 100 cm de long. Elles peuvent peser jusqu'à 6 kg. Il faut ce crâne large, ce cou trapu et cette nuque puissante pour supporter un tel poids. Les cornes des étagnes ne dépassent pas 20 cm. Elles sont fines comme celles des chèvres domestiques. Chaque corne se compose de deux parties. L'une, extérieure et magnifiquement visible, est l'étui. L'autre cachée à l'intérieur de l'étui et qui lui sert de support, est appelée cheville osseuse. Parfois, dans le silence de la montagne, vous entendrez résonner le choc des cornes des mâles s'entraînant à l'affrontement qu'ils livreront pour le rut en novembre. Les cornes des mâles assurent la suprématie des «sultans». De fait, les cornes, et surtout les longs et spectaculaires appendices du mâle, provoquent notre admiration et valent au bouquetin une bonne partie de sa renommée.  

La coloration du bouquetin varie au fil des saisons. En été, son poil est court, sa robe est beige, fauve et brune. A l'automne, son poil d'été tombe lentement et est remplacé par une fourrure à longs poils de plus en plus épaisse, brun foncé presque noire qui le protégera du froid en absorbant les rayons du soleil. Sa robe d'hiver part en touffes à l'occasion d'une nouvelle mue en avril-mai. La mue débute au sortir de l'hiver, une seule fois par an, en mai-juin. Les animaux se débarrassent alors de leur épaisse fourrure hivernale en se frottant sur les rochers ou les arbres. Des mottes de duvet blanchâtre peuvent alors être retrouvées accrochés à la pierre et aux arbustes. Il ne faudra pas moins de trois mois pour que tous ces poils tombent et soient remplacés par les nouveaux jarres et par le duvet du pelage d'été. Inversement, dès les premières gelées automnales, une couche de poils plus sombres vient épaissir le court pelage d'été. Cette toison hivernale assure une bonne protection contre le froid montagnard. La mue occasionne d'intolérables démangeaisons que les bouquetins essayent de calmer à l'aide de leur longue corne. Le pelage d'été du bouc est de couleur gris fer hormis le ventre qui est parfois blanc, le dessus de la queue brun marron, les membres plutôt brun foncé voire noirâtres et une bande médiane sur le dos de couleur presque noire (celle-ci peut cependant faire défaut). Dès le mois de novembre, le pelage des mâles s'assombrit et devient marron foncé. Le pelage de la femelle est d'un beige jaunâtre ou châtain clair, à l'exception du ventre plutôt blanchâtre et des membres qui sont brun foncé. Il s'assombrit légèrement en hiver. En tout cas, la robe de l'étagne est plus claire, en toutes saisons, que celle du bouc. Le pelage des jeunes bouquetins, mâles ou femelles, est beige fauve à la naissance et demeurera, jusqu'à l'âge de 2 ans, plus clair que celui des femelles adultes. Dernière caractéristique, le bouc porte une barbiche qui se détache de toute la largeur du menton, plus longue en hiver qu'en été.

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Habitat

Le bouquetin change d'habitat selon les saisons. Au printemps, il descend au pied des versants, près des zones boisées, pour se nourrir de jeunes pousses. Puis il regagne l'altitude, accompagnant le verdissement de la végétation. En juin, les femelles mettent bas sur des vires rocheuses situées vers 2000 m. L'été, le bouquetin évolue sur les falaises escarpées de l'étage nival. A l'automne, les mâles se rassemblent sur des terrains plus vastes pouvant accueillir leurs joutes. En hiver, ils rejoignent les pentes abruptes des adrets et leurs crêtes déneigées par le vent.

Par contre, il s'adapte fort bien à des altitudes, des climats et des paysages végétaux très différents. Dans les massifs élevés, le Bouquetin vit généralement entre 2400 et 3300 mètres mais, sur ces mêmes massifs, on peut le voir évoluer 1000 mètres plus bas. Contrairement à ce que l'on croyait jusqu'à présent, la présence d'un milieu ouvert (pelouses ou landes) ne lui est absolument pas indispensable.

En haute montagne, le Bouquetin est surtout un animal des adrets, c'est-à-dire des versants exposés au sud. En effet, ces versants sont plus rapidement déneigés en hiver. En été cependant, lors des canicules, il lui arrive de fréquenter les crêtes ventées ou de basculer sur les ubacs (versants nord). A plus basse altitude, il semble fréquenter indifféremment les adrets et les ubacs. Le bouquetin n'aime pas la neige et ne franchit jamais de grands névés ou de glaciers. Son domaine de prédilection correspond donc aux versants rocheux escarpés, plutôt exposés au sud, peu boisés et entrecoupés de vires herbeuses et de falaises

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Alimentation

Le bouquetin est surtout diurne mais il est actif avant le lever du soleil. Il peut avaler vingt kilos de végétaux par jours. Il a la particularité de s'alimenter avec des végétaux que les autres ruminants ont de la peine à digérer, comme les lichens, mais il se nourrit aussi de graminées, de légumineuses, de rhododendrons ou de mousses.

Le bouquetin est gourmand. Il compose son menu en puisant dans le couvert végétal abondamment fourni en plantes herbacées de toutes sortes. Les plus convoitées colonisent en vastes gazons les versants d'altitude. En été, il les broute jusque vers 3 500 mètres. Elles restent encore sa pitance en hiver quand les avalanches ou les vents violents les mettent à nu. Il suffit alors d'un radoucissement, pour que des plantes reverdissent à leur base et tentent le bouquetin affamé. Ce «goinfre» avale indifféremment fleurs et herbes avec une prédilection pour ces dernières, beaucoup plus nourrissantes et plus abondantes. Il ne dédaigne pas les plantes dures ou piquantes comme le genévrier ou les chardons. Il vient à bout des épineux en les brisant au préalable avec ses cornes et ses sabots. Les arbustes, tels le noisetier, l'aune vert ont sa préférence. Au printemps, il est attiré par leurs pousses tendres et vertes et aussi par leurs bourgeons, leurs chatons et parfois même par leur écorce. Pour atteindre ces délices, il se dresse sur ses pattes postérieures d'une manière caractéristiques.

Durant les mois de forte disette, le bouquetin s'attaque aux arbres. Parmi les conifères, le mélèze lui offre surtout les extrémités ligneuses de ses branches, plus tendres, mais également l'écorce qu'il ronge. Au printemps, amaigris et affamés les bouquetins fréquentent assidûment les emplacements herbeux progressivement libérés par la fonte des neiges. Enfin, si la nourriture artificielle, bottes de foin déposées par l'homme pendant les grands froids, ne le tente guère, en revanche le sel, dont son organisme a grand besoin, l'attire irrésistiblement. Sa santé en dépend. C'est pour cette raison que les salines ou «liches», naturelles ou artificielles, sont capables de fixer en un lieu donné des hardes entières. Certaines roches, comme les schistes, contiennent divers sels dont le bouquetin est friand.

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Reproduction

Le bouquetin mâle est polygame. La maturité sexuelle est atteinte vers l'âge d'un an et demi. Le rut dure 4 à 5 semaines, de fin novembre à mi-janvier.

Lorsque le bouc est en chaleur, sa queue est rabattue sur l'échine laissant ainsi apparaître un fessier blanc. Les hardes commencent à se former début novembre généralement, mais les pariades à proprement parlé ne débutent réellement que début décembre. Au sein de ces troupeaux, il se crée une hiérarchie. Le dominant, généralement le mâle le plus âgé mais surtout le plus fort, se réserve le droit de saillir la femelle de son choix. Les autres mâles sont donc obligés d'attendre qu'il soit occupé avec une étagne. Lorsqu'un mâle de force équivalente conteste cette primauté, c'est le combat. Rarement violent, le choc des cornes peut néanmoins s'entendre à plus d'un kilomètre de distance. Mais ces combats se produisent aussi entre les mâles de tout âge.

Ainsi, cette hiérarchie fait que les plus jeunes ont moins de chance de se reproduire, alors qu'ils se montrent beaucoup plus excités et importuns envers les femelles que leurs aînés. Lorsque la femelle désire se faire copuler, elle manifeste sa soumission en frétillant la queue. C'est au cours du rut que les mâles se montrent les moins farouches. Cependant, les femelles étant toujours aussi craintives, elles partent souvent les premières, entraînant les mâles à leur poursuite.

La mise bas : la plupart des naissances ont lieu dans les premiers jours de juin, après un gestation moyenne d'environ cinq mois et demi. L'étagne met bas un seul cabri généralement. La mortalité à la naissance est rare. Par contre, un nombre important de cabris meurt pendant le premier mois. Le nouveau-né se tient debout dès les premières heures. Les femelles commencent leur migration saisonnière avec des cabris d'une semaine à peine. L'allaitement actif dure 2 à 3 mois.

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Comportement

Le Bouquetin est un animal grégaire qui vit en groupes ou hardes de taille et de composition variables au cours du temps (elles ne sont jamais composées des mêmes individus au cours du temps). Les mâles constituent des hardes isolées de celles des femelles et des jeunes. A l'époque du rut se créent des groupes mixtes.

  • Harde de mâles : dans certains parcs les hardes peuvent comprendre jusqu'à 30, 40, ou même davantage de mâles adultes, mais sont généralement de taille réduite. Au sein de ces groupes, l'âge des animaux est très variable. Il n'y a pas de chef ou de guide attitré dans la troupe.
  • Harde de femelles : mères avec leur cabri, femelles sans cabri, jeunes d'un et de deux ans et parfois, de mâles de 3 à 5 ans composent ces hardes appelées «chevrées». Les chevrées se forment entre fin juin et juillet, immédiatement après les naissances. Fin juillet - début août, la chevrée est au complet.
  • Hardes mixtes : en novembre et en décembre, mâles et femelles se réunissent en plus ou moins grands troupeaux en vue des pariades. Les pariades terminées, ces grandes hardes mixtes se désagrègent en groupes plus restreints.
  • Solitaires : Le solitarisme est assez rare chez le bouquetin. Si, après la période de rut, certains mâles aiment à s'isoler, les vrais solitaires sont ceux qui, sur leurs vieux jours, affaiblis, parfois malades se retirent pour finir seuls, leurs derniers mois de vie.

Le bouquetin transmet des signaux sonores : sifflements courts produits par les femelles et les jeunes généralement, en expirant dans les naseaux, lorsqu'ils sont effrayés ; bêlement plaintif du jeune qui appelle sa mère. Le chamois, sans craindre le bouquetin, reconnaît cependant la supériorité physique de ce dernier, supériorité dont celui-ci n'use jamais, ou tout juste pour intimider un éventuel voisin. Entre eux ni copinage, ni batailles territoriales.

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